jueves, 23 de agosto de 2012

Roms : les critiques se multiplient après les annonces gouvernementales








La Roumanie a salué jeudi 23 août la décision de la France d'assouplir les contraintes pesant sur l'accès au travail des citoyens bulgares et roumains, "une des conditions essentielles pour faciliter l'intégration sociale des Roms". Bucarest a également loué "l'approche constructive du gouvernement français pour l'intégration des populations roms", après la réunion qui s'est tenue mercredi à Matignon, au terme de laquelle le gouvernement a annoncé la suppression de la taxe que l'employeur doit verser pour embaucher un Roumain ou un Bulgare et l'élargissement de la liste des 150 métiers auxquels ils ont actuellement accès.

Un ton qui tranche avec les passes d'armes acides qui avaient eu lieu entre la Roumanie et la France en 2010, après que Nicolas Sarkozy avait désigné les Roms comme fauteurs de trouble dans un discours musclé. Mais ces félicitations font figure d'exception parmi les échos de cette réunion présidée par Jean-Marc Ayrault.


"MORATOIRE SUR LES EXPULSIONS"


Du côté du Parti communiste français (PCF), l'enthousiasme était en effet nettement moins de mise. Dans un communiqué, le parti s'est réjoui des mesures prises en faveur de l'embauche des Roms, mais a fait part de son souhait de voir le gouvernement aller plus loin et arrêter notamment les expulsions. "Rien ne serait plus décevant que de voir croître le nombre d'expulsions et de démantèlements de camps sans la mise en place de réelles solutions alternatives", explique le communiqué.
Aussi, le PCF propose "l'adoption immédiate d'un moratoire sur les expulsions, l'arrêt des discriminations au regard du droit du travail". "Les Roms ont besoin" non pas d'effets d'annonce "mais d'annonces ayant des effets", selon le PCF, une des deux composantes principales du Front de Gauche.


"PERMETTRE UN ACCÈS NORMAL AU MARCHÉ DU TRAVAIL"


La CGT a, pour sa part, demandé jeudi 23 août l'abrogation des mesures restrictives imposées aux ressortissants roumains et bulgares en matière d'emploi pour leur "permettre un accès normal au marché du travail". "On ne peut pas reprocher à des personnes de vivre dans des bidonvilles s'ils n'ont pas une vraie possibilité de travailler", déclare la CGT. Elle juge aussi "essentiel que les migrants qui travaillent disposent d'un contrat de travail aux normes françaises", soulignant "la responsabilité de l'employeur".

La confédération dénonce au passage "le lourd héritage sarkozyste vis-à-vis de ces populations, en particulier depuis leur odieuse stigmatisation dans le discours de Grenoble" de juillet 2010.


UNE RÉPONSE "PAS SUFFISANTE"


Dans un communiqué, Emmaüs International a également rappelé qu'il condamne, comme le mouvement Emmaüs dans son ensemble, "la politique de la France envers les populations roms présentes sur son territoire". Si l'élargissement de l'accès au marché du travail pour les ressortissants roumains et bulgares est "un petit progrès", "la réponse apportée par le gouvernement n'est pas suffisante", a expliqué Jean Rousseau, président d'Emmaüs International. "La France doit cesser sa politique répressive envers les Roms", a-t-il affirmé, jugeant que les mesures prises par le gouvernement actuellement sont "contraires à la dignité des personnes" et "inefficaces".

Enfin Gilbert Collard, l'un des deux députés du Front national interrogé jeudi par France 2 sur le traitement des Roms, s'est demandé pourquoi le gouvernement avait voulu "greffer un problème de plus", alors que ce dossier concerne à ses yeux la Roumanie, pas la France. L'élu du Gard a mis en cause "ce besoin qu'ont les socialistes d'être – sur le dos des autres – les scouts du monde entier". "Que les Roumains se débrouillent avec les Roumains !" a lancé Me Collard.

Fuente: http://www.prensaescrita.com/adiario.php?codigo=EUR&pagina=http://www.lemonde.fr