Des centaines de personnes ont été tuées à Daraya depuis que l'armée syrienne a lancé, mardi 21 août, une vaste opération pour chasser les rebelles de cette localité proche de Damas, l'opposition dénonçant un nouveau massacre.
Dans cette localité de 200 000 habitants, située à 7 km au sud de Damas, au moins 320 corps ont été retrouvés, a rapporté dimanche l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), précisant que la majorité des victimes ont été tuées depuis le début de l'opération militaire lancée il y a cinq jours. Les militants hostiles au régime du président Bachar al-Assad ont diffusé des vidéos où des dizaines de corps ensanglantés apparaissent gisant au sol, dénonçant un "massacre odieux commis par les gangs du régime d'Assad". Il est impossible de confirmer ou authentifier le bilan et les vidéos de source indépendante.L'agence officielle Sana a rapporté de son côté que les forces armées ont "purifié" Daraya des "terroristes mercenaires qui ont commis des crimes contre les habitants de la localité, les ont terrorisés et ont détruit les propriétés publiques et privés".
Le régime à Damas a été accusé à plusieurs reprises par l'opposition de commettre des massacres à travers la Syrie notamment à Houla (centre) le 25 mai (108 personnes dont une cinquantaine d'enfants) et Al-Koubeir (centre) en juin (55 personnes dont des femmes et des enfants). A chaque fois, Damas a démenti toute implication, accusant des "gangs terroristes armés".
PLUS DE 4 000 MORTS EN TROIS SEMAINE
D'après les militants, le régime "criminel a imposé un blocus et coupé les approvisionnements vers Daraya, puis a bombardé sans discernement avec des avions et des armes lourdes. Des bandes criminelles ont mené par la suite des exécutions sommaires, [des victimes] ont été démembrées, brûlées". Alors que le mois d'août est déjà le plus meurtrier du conflit syrien avec plus de 4 000 morts en trois semaines, les découvertes macabres, souvent les cadavres de personnes victimes d'une exécution sommaire, se multiplient en Syrie depuis quelques semaines. Samedi, les violences ont fait au moins 183 morts à travers le pays "dont au moins 34" à Daraya, a indiqué l'OSDH, organisation basée en Grande-Bretagne qui s'appuie sur des militants et des témoins.
Face aux violences qui ne faiblissent pas après plus de 17 mois de conflit, Lakhdar Brahimi, nouveau médiateur international pour la Syrie, s'est dit "flatté, touché" mais aussi "effrayé" par la mission qui l'attend, lors d'un entretien avec le chef de l'ONU Ban Ki-moon. La presse officielle syrienne a prévenu ce week-end M. Brahimi qu'il ne devait pas suivre le même chemin que son prédécesseur, Kofi Annan, dont la mission a échoué en raison des divisions internationales, accusant M. Annan de s'être "plié aux pressions occidentales et américaines".
M. Brahimi travaillera depuis New York, tandis que la mission de l'ONU, chargée en avril de surveiller un cessez-le-feu jamais appliqué, a plié bagages après avoir dû interrompre ses patrouilles en juin face à la recrudescence des violences. Son chef, le général sénégalais Babacar Gaye, a quitté Damas samedi.
Dans la ville d'Alep (nord), poumon économique du pays ravagé par plus d'un mois de combats, de nouvelles violences ont éclaté dimanche dans certains quartiers tandis que d'autres étaient bombardés par l'armée. Dans la vieille ville, "la plupart des gens sont partis", a affirmé un rebelle. Ceux qui n'ont pas encore fui se pressent devant les boulangeries, formant de longues files d'attente, a constaté une journaliste de l'AFP. Dans plusieurs quartiers, l'Armée syrienne libre (ASL, rebelles), qui revendique le contrôle de 60 % de la ville, semble tenir, avec des barrages visibles, selon la journaliste.
Depuis le début de la révolte contre le président Bachar al-Assad en mars 2011, les violences ont fait 25 000 morts, selon l'OSDH, et poussé plus de 200 000 Syriens à fuir vers les pays voisins, selon le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU.
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